PORTRAIT

Lorsque ce collectif de peintres voit le jour en 1983, c'est une rencontre d'étudiants désireux de couper avec l'art conceptuel et de revenir à l'authenticité du geste pictural. Michel ESPAGNON et Jean GABARET se sont rencontrés dans les catacombes ( un classique de l'underground à l'époque ) où ils ont décidé d'épouser une même cause : la peinture. Substituant la synergie du groupe à l' ego de l' artiste , ils commencent alors à peindre en commun des fresques signées " VIVE LA PEINTURE " . Leur terre d' éléction , ce sont les palissades qui ceignent les chantiers; là, ils apposent leur peinture stridente et primitive , comme en 1984 , où sans préméditation ni orthographe, ces "SOVAJ DE VIL ATAK FORT BOBOUR".
Tout au long des années 80 , les VLP multiplient les coups d' éclat. Pochoirs , cartons découpés , affiches ,martèlent leur nom programmatique et en consacrent l' ubiquité. Leurs performances spectaculaires , au cours desquelles ils dissèquent à la tronçonneuse des morceaux de palissades , leur valent l' attention du public et des médias. Mais le groupe cherche aussi à fédérer la mouvance graffitiste.Ainsi , en 1985 , les VLP invitent d' autres "sauvages " à venir peindre le long du canal de l'Ourcq à Bondy.
A la fin des années 80 , alors que l' art urbain s' affaisse dans la morosité des années sida , les VLP délaissent un temps la rue pour les performances en boîte de nuit ( La Loco , le Rex ) et les expos en Allemagne.
Fidèles à leur credo pictural , les VLP créent ZUMAN au tournant du millénaire. Ce profil , créé par ordinateur sur la base d' une collecte de photos , est soumis par les artistes à toutes sortes de variations chromatiques et formelles . Sculpté , photocopié ou peint sur toiles ou pancartes , Zuman se promène à travers la ville et donne lieu à une gamme d' actions urbaines entièrement neuves , où l' art prend des allures de défilé politique.

Stéphanie Lemoine , Un panorama de l' art urbain de 1975 à nos jours . Editions Alternatives 2005



2000 : Zuman le prototype